La nature de l’information et le cycle de la veille
26 Avr 2018, Posté par Actualités dansDonnée, information, connaissance : une distinction artificielle…
Prenons le cas du chiffre d’affaires d’une entreprise A. Il intervient dans le calcul du PIB et il s’agit alors d’une simple donnée pour l’INSEE. Lorsque ce chiffre d’affaires arrive sur la table d’un concurrent B de l’entreprise, ce dernier y verra une information qui, compilée avec d’autres, permettra à B d’évaluer son positionnement en volume sur le marché. Enfin pour l’entreprise A elle-même, il s’agit d’une connaissance, en l’occurrence celle de ses performances commerciales propres sur une année.
Peut-être cet exemple semble simple, basique. Mais il en va de même pour des sujets plus complexes car il est une constante : le degré d’intérêt pour une information est intimement lié à qui la reçoit et pour quel usage : action, non action, réaction, analyses, ou simplement le fait de susciter une émotion (joie, peine, colère, dégoût en particulier). Aussi, nous parlerons d’« information » pour désigner tout message susceptible de transiter d’un être humain à un autre et plus généralement d’un système de décision à un autre. Au passage, il devient commun que des décisions soient prises par des systèmes techniques à l’exemple du pilote automatique des avions de ligne ou du trading haute fréquence dont les décisions sont issues d’algorithmes.
Données, informations et connaissances n’ont aucune valeur en soi : seuls comptent les effets qu’elles produisent sur les acteurs économiques.
…alors enfonçons une porte ouverte : il y a les informations qui obligent et les autres !
Le cycle de la veille ne peut être pertinent qu’au regard d’une stratégie d’entreprise, où celle-ci souhaite avoir des réponses à certaines questions, en particulier sur l’environnement économique, technologique (innovations en particulier), juridique ou sociétal. Si l’on regarde l’information par le prisme du cycle de la veille (1-collecte, 2-exploitation, 3-diffusion, pour faire court), on peut définir trois grandes catégories d’informations. Celles qui amènent directement à la décision (et leur fiabilité ne fait pas de doute), celles qui doivent être réinjectées dans le cycle pour des traitements plus ou moins longs (recoupements, mises en perspectives, analyses et synthèses), et celles qui ne servent pas et qui doivent interroger sur la constitution du sourcing (ie base de référence des sources qu’il convient de faire vivre en permanence).
L’articulation entre stratégie d’entreprise et plan de collecte de l’information est essentielle car aucun des deux ne peut se passer de l’autre. Une stratégie sans veille équivaut à des décisions prises sur la base de l’intuition des dirigeants, lesquels ne peuvent avoir une vision complète de leur marché tant la complexité est souvent le corolaire de l’économie globalisée. Un service de veille qui n’a pas vocation à aider la décision, ou a minima de soutenir l’innovation,se cantonne à un système d’archivage.
La veille ne peut donc pas être un processus sans sujet. Elle s’adapte aux questions des dirigeants et aux besoins des acteurs de l’entreprise. Elle est par nature instable et permet à l’entreprise d’opérer les bons mouvements vers sa croissance ou la défense de ses intérêts.