Les avatars du crowdfunding : Le cas d’oculus
28 Mar 2014, Posté par Regard sur l'actualité dansSéïsme dans le landernau des crowdfunders : Les révolutionnaires lunettes virtuelles développée par la jeune startup Oculus viennent d’être rachetées par Facebook… Le produit avait eu le pied à l’étrier lors de la campagne la plus lucrative de l’histoire de Kickstarter. Sur le plan tactique, les motivations de Facebook restent floues. On songe bien sûr aux Google glass, qui récemment viennent de franchir un cap supplémentaire en s’alliant ouvertement avec la mythique marque Ray-Ban pour sortir de leur image « accessoire geek » et entrer de plein-pied dans le domaine de la mode grand public, bien que les lunettes en question ne sont pas du tout comparables (rappelons qu’il s’agit d’une sorte de casque partiel avec son et image pour une immersion plus complète dans les jeux vidéos). Toujours est-il que l’annonce, tombée le 25 avril, du rachat pour une somme de 2 milliards de dollars, à fait l’effet d’une bombe parmi les très nombreux contributeurs associés au projet depuis 2012.
Il y eut 9522 contributeurs (« backers ») en 2012, pour plus de 2 500 000 dollars (dix fois mieux que prévu) qui ne prennent pas de parts dans l’entreprise mais s’assurent en échange d’acquérir à terme les lunettes en question, ou d’autres contreparties virtuelles (et les ont obtenues vu que le projet a pu aller à son terme rapidement). La campagne étant terminée et le projet volant de ses propres ailes, les fondateurs ont sans doute trouvé l’offre faite par le géant Californien irrésistible, avec sans doute la promesse de conserver l’équipe et une certaine autonomie.
Pourtant c’est vécu comme une trahison pour beaucoup s’il on se réfère aux commentaires peu amènes sur la page de l’application sur kickstarter. Beaucoup regrettent leur décision de backing. Est-ce l’image un peu « big brother » de facebook qu’on ne voyait pas dans d’autres secteurs que les application mobiles ? Il est certain que beaucoup auraient imaginé la firme conserver son indépendance et continuer son développement incrémental en comptant sur un communauté active de développeurs avec des contenus en open source pour dynamiser et entretenir son expansion. Quelles seront les intentions de Facebook à ce sujet, seul l’avenir nous le dira…
Quand au crowdfunding, il en restera à jamais marqué pour les futurs backers, qui y regarderont désormais à deux fois avant d’investir, et voir « leur » projet valorisé être revendu à l’un des géants de l’internet ou du CAC40 pour une somme colossale et… aucune contrepartie, car c’est la loi du jeu. Espérons toutefois que le principe restera d’actualité et n’en souffrira pas trop, car c’est bien souvent la seule solution pour de nombreux projets qui ne trouvent aucun investisseur -tout particulièrement en France, ou entre conjoncture très tendue et frilosité traditionnelle, manque de structure et de réseaux de financement participatifs, de business angels ou même de culture du business-risque- les futures startups hexagonales auront au moins une alternative à sortir les fonds uniquement de leur poche…
Voir aussi : #oculusVR #Kickstater Backlash